L’article de l’hebdo de l’ardèche du 19/01/2012
(http://www.hebdo-ardeche.fr/blog/2012/?affiche=archivesedd payant)
intitulé » Le blues des boulangers » concernant la disparition d’une boulangerie et le départ définitif des jeunes boulangers, et de leur fille de 3 ans et demi, venus s’installer place du Serre au Cheylard il y a 7 ans, m’interpelle.
– Car ce sont par des décisions de ceux qui gèrent la communauté, élus de celle-ci, que la communauté perd de son dynamisme, de sa richesse! (perte d’une boulangerie et d’une famille d’entrepreneurs)
– C’est aussi mettre une famille dans l’angoisse du futur durant quatre ans de tergiversations pour aboutir à l’obliger à repartir de zéro et à quitter ce territoire! Ce sont donc encore ceux que nous avons élus pour aussi veiller à la sécurité de tous qui mettent dans l’insécurité leurs concitoyens.
On en arrive à ces situations totalement anormales parce qu’au delà du bien fondé d’une expropriation, c’est à dire de sa réelle utilité publique et au delà de la manière, expropriation au sens juridique du terme ou accord financier amiable, le plus souvent les collectivités, quelles qu’elles soient, se comportent en dépit de toute moralité et justice et en totale absence d’empathie envers le citoyen à qui la communauté demande le sacrifice de son bien.
La loi prévoit dans son article L 13-13 du code des expropriations que
« Les indemnités allouées doivent couvrir l’intégralité du préjudice direct, matériel et certain, causé par l’expropriation. »(voir lien: page lexique-abrévations-liens) Or systématiquement le préjudice n’est vu que comme le perte de la valeur du bien au moment de la décision d’expropriation. Le plus souvent un expert des domaines passe évaluer le bien à sa valeur vénale et les domaines ce ne sont pas des agences immobilières!! et c’est cette évaluation que la communauté propose à l’un des siens comme dédommagement! Une précédente version précisait que l’indemnité devait permettre d’obtenir un bien identique ou du moins équivalent, ce qui n’était déjà pas appliqué et l’on voit là de plus une régression avec cette notion de préjudice qui laisse place à de nombreuses interprétations.
La plupart du temps les élus ou leurs techniciens se comportent en « hommes d’affaires » qui vont faire « un bon coup » ou du moins le meilleur possible. Pourtant le rôle des élus ne devrait-il pas être de veiller à ce que la communauté soit très attentive à ce que non seulement un des siens ne soit pas lèsé mais que de plus il soit aidé par cette communauté qui lui prend son bien, de façon et autant que possible à lui offrir, au contraire de ce qui se passe, un avantage compensatoire aux ennuis que lui crée sa propre communauté. Ce serait là le côté empathique et moral nécessaire.
Pour ce qui est de la justice, la justice justement devrait pouvoir corriger les abus dans la mesure ou le droit serait juste. Le plaignant peut demander gratuitement au tribunal administratif une révision de ses indemnités sans risque d’une évaluation plus basse. sauf que çà va être 4 à 5 ans de procédures qu’il faut maîtriser et en attendant l’exproprié ne sera pas indemnisé et ne pourra donc pas financer le remplacement des biens expropriés. Donc celui qui n’en a pas les moyens se voit contraint d’accepter ce qu’on lui offre. « Selon que vous serez puissant ou misérable…….
Que le maire du Cheylard, dans le cas de la boulangerie que nous évoquons, puisse dire à l’hebdo de l’Ardèche « on a donné des possibilités et ils ont fait un choix personnel », illustre à merveille son manque de moralité, d’empathie et de justice dans sa représentation de la communauté.
On t-ils choisi de se faire exproprier?
Si la communauté qui leur prend leur bien qui plus est « leur moyen de vivre » leur avait fourni clés en main une boulangerie équipée,équivalente, proche de leur clientèle, voir même plutôt mieux en compensation des ennuis créés, Qui pourrait croire qu’ils auraient choisis de partir?
Pourtant en toute moralité, empathie et justice ne serait-ce pas ce que leur doit la communauté?
Safran
Avant de partir les boulangers ont laissé un affichage sur leur vitrine qui stipulait: « C’est avec regrets que nous allons quitter Le Cheylard ». La municipalité a contribué à non seulement supprimer 3 emplois (alors qu’ils sont si précieux aujourd’hui sur notre bassin de vie) mais aussi à contraindre une jeune famille (avec un enfant en bas âge qui aimait beaucoup son école, ses copains et copines) à quitter les Boutières. Quel dommage! En tout cas, le jour de leur fermeture les larmes coulaient à l’heure d’aller acheter le pain, tous les riverains, leurs clients les regrettent. Je fais partie du groupe d’opposition au conseil municipal. J’ai proposé que l’îlot de maisons allant de la boulangerie à la dernière maison au début du quai de la Sablière soit conservé. En effet, cet îlot se situe hors des limites du projet de désengorgement de l’axe vers Mariac, et garder des maisons en aplomb de rivière n’est pas inesthétique puisque c’est bien l’une des marques pittoresques des Boutières… De plus conserver cet îlot aurait permis à la commune d’économiser une somme d’argent assez considérable: moins de frais d’achat de maison, de « déconstruction » -c’est le terme à utiliser paraît-il, il est moins violent que « démolition »-,d’indemnisation des « victimes »: les boulangers, de frais d’embellissement ensuite, et enfin moins de frais d’avocats! Que de regrets!