Dans le cadre de la réunion publique de la communauté de commune du pays du Cheylard,à Saint Julien Labrousse, son président s’est exprimé sur la nouvelle territorialité:
Sur le partage des richesses, il explique que « la CCPC (communauté de communes du pays du Cheyard) a si bien été gérée sous sa présidence qu’il n’y a pas de raison de partager nos richesses avec ceux qui n’ont pas si bien administré ou qui tout simplement seraient moins riches….!, leur potentiel fiscal ayant diminué par rapport celui du Cheylard , comme St Martin par exemple ». Et s’oppose donc à la proposition préfectorale d’être associé avec Saint Agrève, Saint Martin de valamas, une partie de Saint Pierreville…et a entrainé dans ce sens une bonne partie de nos élus. Ce qui ne m’étonne guère, car il y a quelques années, au début de la CCPC, je faisais part à un élu de l’idée qu’il serait bien d’associer aussi Mézilhac et Lachamp, sa réponse immédiate a été: « Ce ne serait qu’un coût suplémentaire ».
Le président explique d’autre part que c’est sur l’agglomération Valentinoise que les choses vont se passer (ce sont ses termes) et que dans ces conditions il faut se rattacher à ce pôle et être partie prenante du Rovaltain
( http://www.rovaltain.fr/pole-economique.html ).
Que pourrions nous répondre?
1- Que si les élus en sont encore à leur petit prè carré, il y a belle lurette que les populations des Boutières sont totalement intégrées dans un même bassin économique, et que les recettes fiscales entrent plus de ce côté que de l’autre cela ne change rien car c’est tout le bassin qu’il est nécessaire de structurer. Les citoyens se croisent pour aller à leur travail sur l’ensemble des cantons concernés et c’est bien cet ensemble qu’il faut dynamiser et projeter dans l’avenir. Les enjeux sont maintenant au moins européens, il est donc bien temps d’en finir avec son petit orgueil accroché à son clocher, croire que seule la CCPC a du dynamisme pour des avancées structurelles, économiques, sociales et culturelles c’est vraiment ne pas voir plus loin que le bout de son petit portefeuille et c’est n’être jamais allé dans les cantons voisins (comme aller à la représentation d’un opéra à la salle des Arts à St agrève).
De plus, par exemple, quand on parle de développement économique et que l’on souhaite développer les secteurs agricole et touristique je ne crois pas que la CCPC puisse snober les cantons voisins qui auraient bien des leçons à lui donner en la matière.
2 – Au delà des questions financières, un territoire c’est aussi et surtout une géographie et une culture communes, dans l’exemple que je citais plus haut, de Mézilhac et de Lachamp Raphaël, quel citoyen de la CCPC ne ressent pas ces 2 communes comme faisant partie intégrante de sa géographie et de sa culture, n’est-ce pas là ou naissent les vallées de la Dorne et du Talaron, ossatures géographiques de la CCPC. Ce sont les crêtes de ces territoires, les ouvertures sur le sud Ardèche et les plateaux. Il me parait bizarre que Sardiges soit maintenant communauté de communes Aubenas Vals, alors que la ferme de Bourlatier est dans la communauté de commune du pays du Cheylard et le Gerbier dans celle des Boutières.
Quel citoyen de la CCPC ne ressent pas, de même, cette proximité géographique et culturelle avec Saint Pierreville, Chalencon, Saint Agrève, Saint Martin, Borée, Saint Martial…Vernoux…..etc.
Comment peut-on tolérer que l’orgueil d’une petite équipe d’élus puisse fracturer un ensemble géograhique et culturel très fortement lié par une histoire des plus fortes, de liberté, de courage, de travail, de tolérance…… forgée par la rudesse de la montagne et des plateaux, par les confrontations religieuses et politiques. Alors que c’est justement maintenant qu’il est encore plus nécessaire de s’appuyer sur ces qualités communes, pour non seulement faire survivre ce territoire mais bien pour le projeter, ensemble, dans l’avenir.
3 – Quand le président nous dit que c’est sur Valence que les choses vont se passer et qu’il faut en faire partie, dans ce cas, faisons tous nos valises et allons nous installer autour de la gare TGV à Saint Marcel les Valence!…… Mais je voudrais lui dire tout de suite que ce que nous attendons de l’avenir c’est justement de pouvoir continuer à vivre et travailler dans les Boutières et ce dans le cadre du développement de ce territoire. Il va de soi que la vallée du Rhône, Rovaltain, donc le Valentinois étant le plus proche pôle économique est forcément le voisin avec lequel on va devoir construire des liens sur des intérêts communs bien compris.
Rovaltain est maintenant un bassin dynamique de 255 000 habitants (53% de la population drômoise) essentiellement urbains qui voient la montagne Ardèchoise comme un territoire accessible que par beau temps et peuplé de chèvres et de châtaigners, beau terrain de jeu pour les fins de semaine et qui de plus n’ont pas, d’évidence, les mêmes intérêts que nous. Le président penserait donc pouvoir faire partie et influencer à l’avantage de notre territoire une EPCI (étabissement public de coopération intercommunale) ou nous n’aurions qu’un nombre de voix négligeable…., il rêve! En réalité son rêve c’est, que lui, puisse jouer dans la cour des grands et se faire passer ici pour celui qui sait et qui est indispensable, il rêve d’encore plus de notabilité. N’est-ce pas un peu triste et dérisoire?
Pourtant, avec l’exemple du Sictomsed (syndicat intercommunal de collecte et traitement des déchets secteur Eyrieux Doux) et du Sytrad (syndicat de traitement des déchets Ardèche Drôme) il devrait savoir à quoi s’en tenir: malgré tous ses efforts le Sictomsed se trouve pieds et poings liés, (heureusement uniquement en ce qui concerne le traitement des ordures ménagères) aux choix du Sytrad qui lui sont défavorables et lui coûtent cher, vous coûtent cher! D’ailleurs voilà un sujet exemplaire que je pourrai vous développer dans un prochain article.
Ces choix de regroupement territoriaux sont vitaux pour notre avenir et ne pourront se réaliser positivement qu’à réflexion sur un pied d’égalité en se projetant dans un monde ouvert (imaginez que des habitants de St Pierreville, du Cheylard, de St Agrève, de Vernoux, de St Martin se rencontrent à Lyon, Marseille, Paris, Rome, Berlin, New York, londres, ….ou Pékin, ne se sentiront ils pas très, très proches et auront ils la même proximité avec un Valentinois rencontré à Lyon?).
Ne laissons pas des décisions se prendre sans débats publics, sans consultations des citoyens, il est du devoir des élus d’aller chercher auprès des citoyens les idées, les critiques, les aspirations de chacun et ceci tout particulièrement quand il s’agit de définir l’appartenance de ceux-ci à une culture et à son foyer géographique pour que puisse s’établir la solidarité, la force commune, nécessaire à la construction de l’avenir de cette communauté.
Safran
PS: Ce blog est aussi là pour que justement vous vous exprimiez, n’hésitez pas à le faire dans les commentaires que vous pouvez signer d’un pseudo.
Excellente analyse des réalités et des enjeux géopolitiques de notre bassin des Boutières! Bravo Safran!
Boutiéroise007