«S’il te plaît Pâquerette, dessine moi un élu local » m’a demandé le petit prince…
Après avoir longtemps hésité, j’ai rassemblé tous mes souvenirs, j’ai réuni tous les éléments qui avaient jalonné ma vie de citoyenne et j’ai dit d’accord.
Peindre d’abord le paysage : des montagnes, des forêts, des torrents, des oiseaux et des sangliers. Placer ensuite les hommes et les femmes, les électeurs, sans oublier ceux qui ne votent pas, les enfants, entre autres….
Peindre ensuite l’élu local, un homme ou une femme, un citoyen soucieux de faire quelque chose pour son secteur. Ce citoyen a quand même très souvent un point faible : la mémoire.En effet souvent au cours de son mandat, il ne se souvient plus pourquoi et par qui, il a été élu. Il dirige, il décide il sait ce qui est bon pour lui, donc pour les autres. Il a oublié que les autres étaient différents de lui. Il ne sait plus très bien ce que veut dire « représentant » il confond avec « tuteur ». Il ne faut pas lui en vouloir, c’est sa mémoire qui est défaillante.
L’élu local dans les Boutières est quelquefois propriétaire foncier, comme beaucoup d’autres citoyens. Oh, pas de grandes étendues, non, nous ne sommes pas dans la Beauce, ce sont souvent des « espanloirs » comme on dit chez nous. Mais dans certaines communes, le hasard fait bien les choses et le terrain de l’élu local se trouve ou se trouvera très souvent dans une zone constructible. Mais chut ! C’est le hasard et là on n’y peut rien.
Peindre aussi autour de l’élu ses collègues, les autres élus. Ils se rencontrent, se réunissent lors des conseils municipaux ou communautaires pour décider comment aménager telle place ou tel autre secteur ou pour voter, pas pour réfléchir …, non, réfléchir c’est trop fatiguant. Il y a les bureaux d’études pour ça. Comme je l’ai dit l’élu local est fragile, il faut être prudent et ne pas faire d’effort inconsidéré. Il peut faire quelques efforts musculaires comme lever le bras pour voter ce que l’élu le plus en forme aura décidé à la place des autres plus fragiles, pour les ménager, mais le cerveau n’est pas un muscle, et il ne doit rien faire de périlleux.
Peindre le visage de l’élu local avec beaucoup de soin, car il doit paraître sympathique. C’est généralement un homme ou une femme sympathique. On l’invite gentiment aux manifestations locales, inaugurations, vernissages, il sait sourire, serrer des mains. On le convie même à des rencontres avec des syndicalistes lorsqu’il y a des problèmes d’emplois dans les entreprises locales. L’élu local y va, il a un peu peur l’élu local il ne s’éloigne pas trop de ses petits camarades, mais il est courageux et il y va quand même. Il prend même la parole gentiment pour rassurer, mais oui, il est là pour accompagner les gens en difficulté. L’élu local ne veut pas faire de la peine aux gens qui souffrent. Mais malgré ses trous de mémoire, l’élu local a des soubresauts de lucidité et reconnaît qu’il ne peut rien faire. Il accompagnera donc en ne faisant rien.
Après avoir fait ce tableau, je me suis demandée :
L’élu local à quoi sert-il ? Mais oui à quoi sert-il ?